Revendications pour une amélioration des métiers du cinéma

Publié le par TCHOK EN DOC

                  Un document réalisé à l'occasion des mobilisations en Martinique de février 2009.

 

Revendication pour une amélioration de la vie dans les métiers du cinéma

 

« Le droit de vivre et de travailler en Martinique pour les intermittents du spectacle du cinéma est un droit légitime. Il passe par la préservation  et la professionnalisation de leur savoir faire»

 

L’état des lieux

-         Insuffisance des productions cinématographiques locales, notamment dans la fiction.

-         Inadéquation de la loi sur le statut des intermittents du spectacle aux réalités locales. Il est impossible à la grande majorité des intermittents d’accomplir les heures nécessaires pour maintenir leur statut.

-         Productions cinématographiques bénéficiant aux intermittents venus de France hexagonale car recrutés prioritairement par les productions hexagonales bénéficiant parallèlement du concours financier des collectivités locales.

-         Désolation des intermittents du cinéma Martiniquais obligés sans cesse de s’expatrier ou de changer de métiers.

-         Perte du savoir faire local avec comme corolaire le non renouvellement des corps de métiers et la non transmission des savoirs faire.

-         Désolation des réalisateurs martiniquais qui ne trouvent les financements suffisants et les techniciens, faute de pouvoir payer des salaires convenables pour participer à leurs projets, notamment dans le court métrage.

-         Mort de la création cinématographique Martiniquaise programmée par cet état de fait.

-         Grande demande du public martiniquais de « se voir » au cinéma et (ou) à la télévision (grand paradoxe de la situation)

 

Les revendications

« Nous demandons des actes forts pour soutenir la professionnalisation du cinéma Martiniquais. Notamment à travers la fiction et le documentaire qui sont des domaines constructeurs de notre culture et de notre identité»

 

I   L’engagement des institutions politiques au soutien de la production cinématographique :

1/ La définition d’une politique chiffrée par les collectivités territoriales et notamment de la Région Martinique en soutient à la production cinématographique en long métrage et en court métrage. 

2/ La mise en place d’un comité de lecture pour la sélection des œuvres cinématographiques. Ce comité doit être constitué de spécialistes du cinéma (producteurs, scénaristes, réalisateurs, comédiens, diffuseurs) qui donnent un avis motivé aux décideurs politiques.

Son intérêt est d’une part, de permettre aux décideurs d’avoir une lecture technique et spécialisée. A titre d’exemple :

            -Les problèmes de forme de l’œuvre (écriture)

            -Sa compatibilité cinématographique (écriture filmique)

            -L’analyse des choix techniques de tournage choisis par l’auteur.

    -L’analyse financière

3/ La signature de la convention avec le CNC pour le soutien à la production cinématographique Régionale (1/3 – 2/3) La Martinique est la seule Région de France à avoir refusé de signer cette convention. C’est une perte sèche pour les productions.

4/ L’obligation conventionnelle faite aux sociétés de production de recruter en priorité les techniciens Martiniquais (70% minimum) en chef de postes ou en second en cas de carence compétence, afin de transmettre les savoirs faires et de faire évoluer la profession.

 

            II   Un statut spécifique pour les intermittents du spectacle Martiniquais dans le secteur du cinéma

           L’obligation faite par la loi de justifier des 507 heures ne peut être appliquée en Martinique. Le contexte structurel de la production de ce secteur

ne permet pas de répondre aux exigences de la loi.

            La mise en place de formations de rattrapage et de formation continues pour les intermittents.  

            La création d’un département cinéma (Réalisation et production) au sein de l’IRAV.

 

III Dispositifs spécifiques pour une amélioration immédiate de la situation des gens et des métiers du cinéma

Nous proposons que trois films courts-métrages (format 35mm) deux films documentaires et un film long métrage soient entièrement financés par les collectivités et ceci chaque année afin de permettre aux techniciens, aux comédiens et aux sociétés de production locales de participer à cette création culturelle tout en leur permettant d’accumuler des heures de travail exigées par la législation. Du même coup permettre aux réalisateurs Martiniquais de travailler dans les conditions normales et de s’épanouir dans la création et la recherche cinématographique.

Nous exposons les chiffres suivants 

I/ Un film court-métrage de fiction (35mm) de 20 minutes environs représente :

(La fiction est le plus gros pourvoyeur d’emploi par film du secteur)

-         1 budget de l’ordre de 150 000 € pour un tournage en 35 mm.

-         Environ 20 techniciens de plateau et 5 techniciens de post production.

-         Entre 5 et 10 comédiens.

-         120 h de travail pour 10 jours de tournage.

-         160 h de post production.

II/ Un film documentaire de 55 minutes (vidéo) représente :

-         1 budget de l’ordre de 60 000 € pour un tournage en support vidéo

-         Environ 7  techniciens de plateau et 5 de post production

-         120 h de travail pour 15 jours de tournage.

-         160 h de post production.

III/ Un film long métrage

-         1 budget de l’ordre de 3 millions d’euros

-         Environ 40  techniciens de plateau et 5 de post production

-         360 h de travail pour 1 mois et demi de tournage.

-         580 h de post production.

                                                            COUT TOTAL de l’opération : 3. 570. 000 €

 

Cette démarche permet à la collectivité d’apporter 2 190 heures en soutien à la professionnalisation de ce secteur. Sachant qu’un intermittent doit effectuer 507 h en dix mois pour conserver son statut et ses droits. Ce dispositif, permettra à nombre d’entre eux de faire une grande partie de leurs heures.

Ce système permet aussi à la collectivité Régionale de soutenir fortement les créateurs de ce secteur et de répondre au souhait de la population martiniquaise « d’avoir des images d’elle et de son pays ».

 

Bien entendu cette proposition particulière ne contredit en rien les soutiens couramment apportés par la région pour les courts-métrages dans leur ensemble. Il s’agit d’un dispositif spécifique et qui doit, bien entendu, être précisé sur la forme comme sur le fond. Dans ce sens nous proposons :

-         Une labellisation régionale particulière pour les œuvres ayant fait l’objet de ce soutien.

-         Un  encadrement spécifique pour choisir les œuvres (qualitatif, identitaire de l’œuvre, etc.)

-         Un suivi qualitatif et quantitatif des retombées économiques, sociales et artistiques pour ces  productions soutenues.

 

Pour le collectif des artistes et de la culture/cinéma

Olivier Baudot Montézume

Réalisateur

Pdt de l’association Créole en Court

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